Jon et
Delone, deux vies fichues, liés par la même débauche, la même candeur,
errent dans une ville étrangère qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne
comprennent rien de la langue. Focalisés pas leur envie de se saouler et
de manger des kebabs ils s'usent et en oublient de se dire qu'au fond de
cette décrépitude il y a leur amour qu'ils ont l'un pour l'autre. Arrive
No. Jeune homme d'une famille de classe moyenne, perdu autant qu'eux, il
se décide à les pervertir afin de récolter l'argent nécessaire pour
retourner dans son pays.
Bordel,
ce sont les dominants qui n'ont de pouvoir sur les souillons que parce
que ceux-ci sont inconscients de leur véracité et de leur consistance.
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►dossier de presse
bordel
Un
constat est fait dans bordel : celui de l'incommunicabilité. D'abord Jon
et Delone sont perdus dans une ville étrangère, ils ne comprennent pas
la langue et ce n'est que par la mendicité et l'injure qu'ils
«communiquent» avec les habitants. Apparaît alors un rapport
dominant/dominé malsain. Ce rapport n'est pas montré par l'action
violente, mais par la passivité de No, Jon, Delone. Celle ci m'est en
évidence le dire agressif où la violence est entrevue, sous-jacente.
C'est parce que les dominés ne se considèrent plus comme des hommes, et
se réduisent à la nourriture, l'alcool et le sexe qu'ils s'enlisent dans
une inconsistance qui fait d'eux des victimes.
Au
sein d'une famille, la violence ne peut être que décuplée. Ainsi, le
personnage de l'Homme est violent parce qu'il n'a plus de rapport avec
sa femme. Sa violence finira par le dépasser, lui et son couple, pour
s'abattre sur l'Autre.
Dans la
configuration idéale, celle de la création, nous jouons dans un bassin
de 4x4 mètres rempli de 15 centimètres d'eau. Par là, nous voulons
montrer que les protagonistes sont coincés dans un pays pluvieux,
enlisés dans leurs problèmes et noyés dans leur incompréhension. L'eau
est aussi un symbole maternel - la Mère est souvent présente dans la
bouche de Jon, Delone et No - et la ressemblance du bassin avec un
pédiluve renvoie ces jeunes errants à leur enfance perdue. La couleur
dominante est le bleu, couleur froide et austère qui rappelle
l'indisponibilité des gens face aux mendiants. Une configuration plus
simple et dépouillée peut s'adapter à tous les lieux. Avec bordel,
nous passons du rire aux larmes car nous assistons au dépérissement
d'êtres attachants qui ne s'écoutent pas.
Texte et mise en scène de
Jean-Charles Schwartzmann

Avec
Céline Vitcoq (Delone)
Jean-Charles Schwartzmann (Jon)
Nicolas Bibaut (No)
Jamil Slaoui (L'homme)
Sabine Guarrigues (La femme)
Lumières: Yves Bertaud
Musique: Jean-Charles Schwartzmann